Le cimetière marin aux portes de l’Europe s’agrandit

Un large accord s’est fait lors de la conférence informelle d’Innsbruck des ministres de l’Intérieur européens de jeudi dernier, qui peut se résumer à la protection prioritaire des frontières extérieures de l’Union.

Les ministres n’ont pas clarifié ce que pourraient être les « plateformes de débarquement » situées en Afrique inscrites aux conclusions du sommet de Bruxelles de fin juin. Ils n’ont pas plus avancé sur les « centres contrôlés » qui seraient implantés sur le territoire de l’Union et viseraient à empêcher les déplacements des réfugiés.
Par défaut, contenir les réfugiés en Libye est une valeur sûre, sans garantie que le prochain sommet informel, le 20 septembre à Salzbourg, puisse clarifier ces projets toujours aussi flous. À cette occasion, il serait au moins question que le commissaire européen aux migrations Dimitris Avramópoulos propose de faire de l’agence Frontex une véritable police européenne des frontières extérieures et de déployer 10.000 gardes-frontières d’ici 2020. La construction européenne avance à grand pas.
Entre temps, Matteo Salvini est parvenu à ses fins. Les navires des ONG ne sont plus en mesure de poursuivre leurs missions de sauvetage en mer des réfugiés. Les garde-côtes libyens prennent le relais et empêchent toutes les tentatives de rejoindre les côtes italiennes. Seuls les navires des opérations Triton et Sophia, lancées en 2014 et 2015 peuvent en raison des accords passés à l’époque encore débarquer dans des ports italiens les réfugiés sauvés en mer. Mais le ministre italien tente de revenir sur ces autorisations anciennes pour que le verrouillage soit parfait.

Ces quatre dernières semaines, 600 personnes dont des femmes et des enfants se sont noyés dans la Méditerranée en tentant de fuir la Libye et de rejoindre l’Europe. D’après SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, dont l’Aquarius est à quai, cela représente la moitié des noyades qui sont intervenues depuis le début de l’année et dont bon nombre auraient pu être probablement empêchées.

Une campagne d’associations écologistes contre les détritus en plastique imputrescible a été lancée cet été auprès des plaisanciers en Méditerranée.

Excellent ! ils n’ont pas lu les journaux ?

9 réponses sur “Le cimetière marin aux portes de l’Europe s’agrandit”

  1. Il faut jeter un coup d’oeil aux interviews des chefs d’État Ouest africains dernièrement en Mauritanie, pour saisir le décalage lunaire entre les déclarations pour des camps installés dans ces pays et la réalité du terrain. Pourtant Macron y a été invité et y a rencontré ses homologues, qui ont bien dû lui demander de ce qu’il en etait de ces balivernes, justes bonnes à jeter en pâture à une certaine opinion européenne. Ils ont dû lui rappeler à coup sûr que la France n’y était pas pour rien dans la catastrophe actuelle avec la destruction de la Libye qui était, d’ailleurs, grande pourvoyeuse d’emplois et d’immigration en provenance des pays de la sous-region (aujourd’hui, je serais curieux de savoir comment les réserves d’hydrocarbures sont exploitées par les multinationnales). Et les homologues auront certainement rappelé que les milliards engouffrés dans les multiples programmes dit de sécurité contre le terrorisme, ont passablement asséché les ressources disponibles pour des programmes de développement. Enfin, ils auront certainement expliqués a notre cher president comment des décennies d’ultraliberalisme ont affaibli les Etats et ont accentué comme ailleurs les grands desequilibres exarcerbant les inégalités et la pauvreté du plus grand nombre, et empêchant d’investir suffisament dans des projets d’avenir au profit de la très nombreuse jeunesse. Bref, « on ne nous dit pas tout ! ».

      1. Bon, je dois dire que j’ai surffe sur internet avec des mots clés comme « Mauritanie » et « Macron », avec quelques interviews à l’occasion du sommet qui s’y ai déroulé dernièrement. Notamment un interview du président mauritanien (que je n’aime pas vraiment et qui ne s’exprime pas toujours très bien), et ayant vécu pas mal d’année dans ce pays, je connais certains « codes » de ce genre de communication avec un journaliste européen, à fortiori français, qui parfois s’avance avec « ses gros sabots »….

        1. Un peu maigre .

          Sur la méthode , plutôt que les déclarations toujours un peu convenues ( et passées à la moulinette de ce qu’on pourrait éventuellement leur « reprocher » à eux mêmes ) des seuls chefs d’état , un croisement avec les papiers de quelques bons journalistes d’investigation ( pour autant qu’ils aient accès au terrain ) est toujours prudent .

          Mais j’avoue ne pas avoir de sources totalement sures sur le sujet. François Leclerc a peut être ça .

          1. Accès au terrain, ils l’ont, mais ça demande un peu de temps et de moyens. Il y a aussi des journalistes sur place (en Mauritanie par exemple, il y a une presse très dynamique). En revanche, ce n’est pas à l’occasion d’un déplacement de 24h qu’on peut appréhender la réalité d’un pays, voire d’un continent. En tout cas l’idée de construire des camps de réfugiés dans ces pays pour stopper les flux migratoires vers l’Europe, est une vue de l’esprit. Pour prendre le cas précis de la Mauritanie, je rappelle par exemple, que le pays a été confronté à un afflu massif de population à l’Est du pays, avec des camps gérés par le HCR (Haut Commissariat pour les Réfugiés, une agence spécialisée des Nations Unies). Bref, mon propos était surtout de mettre en garde, et de rappeler l’écart très important existant entre les beaux discours des politiques et la réalité du terrain, surtout s’agissant d’endroits situés à des milliers de kilomètres….(notez au passage que de « sous-traiter » des camps de migrants à des pays tiers, est quelque chose de connu en France, à Sangate, si je ne me trompe pas : un succès total !).

  2. « ils n’ont pas lu les journaux ? »
    https://blogs.mediapart.fr/eugenio-populin/blog/160817/50-000-morts-noyes-en-mediterranee-depuis-le-debut-de-la-crise-des-migrants

    C’est à désespérer car autour de moi, j’ai l’impression que tout le monde s’en fiche.
    Un collègue qui va partir en Août à Saint-Raphael et avec lequel nous discutions des réfugiés est resté un court instant sans voix lorsque je lui ai annoncé que cette crise avait une incidence sur mon choix de lieu de villégiature et que je partirai en Auvergne afin de ne pas me baigner avec mes enfants dans cette eau où reposent des milliers de corps de malheureux chassés par les guerres et la misère.
    Dans un second temps, il m’a rétorqué qu’il ne fallait pas s’arrêter à cela sinon, on ne ferait plus rien. Sic !

    Un autre collègue qui part côté Perpignan m’a assuré qu’il n’y avait pas de problème sanitaire vu… la distance. Il a éclaté de rires lorsque je lui ai annoncé être allé l’an passé à Saint Cast (côtes d’Armor). Selon lui la problématique est identique vu qu’il y a régulièrement des marins pêcheurs qui meurent noyés suite à un chavirage de leur bateau.
    Il n’a rien voulu entendre quant à la nature différente de ces noyades.

    Bref, je me démande si ce n’est pas moi qui ai un problème de compréhension de la situation !

    De plus, j’avoue ne pas avoir saisi pourquoi Paul a jugé utile de faire un billet spécial ce 10 juillet annonçant le sauvetage des jeunes thaïlandais au fond de la grotte !

    Émotion largement médiatisée dans le cas des jeunes aventuriers contre fatalisme voire indifférence dans le cas des migrants ?
    A ne plus rien y comprendre quant aux priorités de certains de mes contemporains.

      1. « …..et de cultiver son jardin »; Candide de Voltaire. Ça aussi c’est pas faux (bon, à condition déjà d’avoir un jardin et un chez soi…!).

  3. -les associations humanitaires ont lu les journaux ( et peut être même les articles de François Leclerc )

    – les citoyens consommateurs ont lu les journaux ( et peut être même les articles de François Leclerc )

    – les plages (nord ) de la méditerranée accueillent des dizaines de millions de personnes de toutes nationalités .

    – les associations se mobilisent pour une campagne anti déchets plastiques sur les plages .

    Conclusion très partielle ou finale ?

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